Rechercher dans ma chambre

vendredi, février 15, 2008

Et si tout le monde était une Geneviève Jeanson ?

Je m’étais promis de ne plus parler d’environnement. Tout le monde en parle, tout le monde se dit préoccupé, mais personne, ou à peu près, n’est prêt à changer son train de vie, pourtant à la source de tous les problèmes. Personne ne cherche même à prendre la mesure de sa responsabilité individuelle au milieu de cette incroyable catastrophe planétaire qui nous emporte doucement. Plusieurs sondages, menés ici comme aux États-Unis, confirment cet état de fait. Ne manquaient que les données de Statistique Canada, publié justement la semaine dernière.

En lisant l’article, (1) j’ai pensé à Geneviève Jeanson, au fait que, pendant des années, elle a menti systématiquement à tous ses proches : parents, amis, commanditaires... Puis à ce commentaire de Foglia voulant que, dans la tête de tout athlète dopé, une sorte de clivage s’opère, un dédoublement de la personnalité : d’un côté, le dopé, de l’autre côté, l’être moral engagé dans la société, opposé au dopage... (2)

Et si tout le monde était une Geneviève Jeanson ? Se shootant non pas à l’EPO mais à cette drogue pernicieuse : la consommation. Et, pour ne pas se sentir tout à fait dégueulasse, pratiquant le même clivage grâce auquel il peut isoler ses comportements d’acheteur euphorique (3) dans une sphère d’où est exclue toute notion de responsabilité morale. D’un côté le consommateur, le dopé, et de l’autre côté l’être moral qui se dit bien sûr préoccupé par les problèmes environnementaux, qui n’a jamais de mots assez durs pour ces élus qui ne font rien, et qui – car il faut tout de même être cohérent – n’hésite plus à trier son recyclage...

Je reviens au sondages et aux statistiques. Les grandes entreprises canadiennes disent qu’à défaut d’un signal clair de la part d’Ottawa, il leur sera difficile de réduire de manière significative leurs émissions de GES. Réponse de Harper mardi dernier : le Canada se retire officiellement de Kyoto !

Pour sauver les apparences, une « stratégie » encore indéterminée, basée sur une diminution de l’« intensité » des émissions de GES. Or, Statistique Canada nous révélait quelques jours avant le discours du Trône que, justement, de 1990 à 2005, l’intensité des émissions avait diminuer de 17,8 %, ce qui n’avait nullement empêché les émissions de croître de 25 % !

En matière d’environnement plus qu’en tout autre matière, les apparences font foi de tout. Harper le sait mieux que quiconque. C’est pourquoi son gouvernement s’entête avec autant d'acharnement à défendre un plan vert pourtant indéfendable.

Mais, au cas où ce ne serait pas assez, il a aussi annoncé des baisses d’impôt sur le revenu, pour relancer sa cote et la... consommation.

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(1) Francoeur, Louis-Gilles. « Bilan de Statistique Canada - Un Canada vert en paroles seulement ». Le Devoir [En ligne] (Mardi, 16 octobre 2007) (Page consultée le 22 octobre 2007)

(2) Foglia, Pierre. « C’est pas de sa faute ». Cyberpresse.ca [En ligne] (Samedi, 22 septembre 2007) (Page consultée le 22 octobre 2007)

(3) Selon un sondage, les Québécois ont confiance en l’avenir, dont la durée ici correspond aux six prochains mois ! Et la raison de cette confiance ? Ils ont plus d’argent à dépenser ! Adieu Kyoto !

Deglise, Fabien. « Sondage sur le commerce de détail : les Québécois ont une folle envie de dépenser ». Le Devoir [En ligne] (Jeudi, 18 octobre 2007) (Page consultée le 22octobre 2007)

Lire aussi :

-- Porter, Isabelle. « Rapport du commissaire au développement durable - Le Québec n'est pas si vert, dit Mead ». Le Devoir [En ligne]. (Vendredi, 14 décembre 2007) (Page consultée le 18 décembre 2007) 

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