Rechercher dans ma chambre

dimanche, février 17, 2008

« Il faut que le bébé tète tout le temps »

En lisant Foglia tout à l’heure, suis tombé sur ceci :

« Le système qui régit le monde, y compris la Chine soi-disant communiste, est une machine à créer des besoins et à les satisfaire. Pour que ça marche il faut que le bébé tète tout le temps, il faut que le bébé soit insatiable, il faut qu’il trépigne, j’en veux, j’en veux. Il faut qu’il ait toujours envie de. Je ne comprends pas pourquoi on a appelé ce système le libéralisme, il n’y a rien de libéral là-dedans.On aurait dû appeler cela l’assouvissement. C’est ce que c’est, de l’assouvissement. Un truc que je ne comprends pas du système. Plusieurs en fait, mais celui-là surtout. » (1)

Foglia emploi le mot « bébé » pour dire l'infantilisation.

Qu'a dit Bush au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 ? Aller dans les centres d'achats, aller acheter, dépenser.

C'est ce que veut le pouvoir de nous. Pour être bien sûr que nous n'allons pas économiser notre argent, travailler moins et utiliser nos temps libres à réfléchir à des questions embarrassantes pour lui, le pouvoir a inventé un système auquel il a donné un nom évocateur : libéralisme. Le libéralisme n'a pas pour but de faire de nous des citoyens libres et raisonnables, comme il serait tentant de le croire. Il a pour but au contraire de nous maintenir dans un état permanent d'aliénation, d'infantilisation. Et pour atteindre ce but, c’est mon propos d’aujourd’hui, un seul instrument, mais ô combien efficace : le kitsch.

Exemple. Le Devoir nous apprend en fin de semaine que la puissance des voitures vendues au Québec a augmenté de 55 % au cours des dix dernières années. Dans un contexte d'alarme climatique planétaire, il peut sembler étonnant de constater « que les gains réalisés par l'industrie automobile sur le plan technologique n'ont pas servi àdiminuer la consommation des véhicules et leurs émissions de gaz à effet de serre ». (2) Un citoyen raisonnable et socialement responsable n'utiliserait jamais une de ces voitures surpuissantes, polluantes et... plus dispendieuses. D’où la nécessité de la pub, dont la fonction première est, en utilisant ici le kitsch de la puissance, de susciter des comportements d'achat irresponsables. Le kitsch de la puissance est, pour les hommes en particulier, irrésistible. Il se compose d'un ensemble d'images facilement reconnaissables, appelés clichés. Parmi ces clichés : l'homme au volant de sa voiture fougueuse au moteur de 300, de 400 chevaux nerveux, prenant les virages à toute allure, maîtrisant sa monture mécanique, dominant la route. Ce cliché, dont les variantes sont innombrables, s'appuie sur un stéréotype : l'homme viril, c'est-à-dire l'homme, point. L'imagerie kitsch s'est emparé de ce stéréotype, l'a récupéré au profit des détenteurs pouvoir, en l’occurrence ici l’élite industrielle.

J'y reviendrai.

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(1) Foglia, Pierre. « L’assouvissement ». Cyberpresse.ca [En ligne] (Samedi, 19 janvier 2008) (Page consultée le 20 janvier 2008)

(2) Francoeur, Louis-Gilles. « Toujours plus grosses, toujours plus puissantes ». Le Devoir [En ligne]. (Samedi, 19 et dimanche, 20 janvier 2008) (Page consultée le 20 janvier 2008)

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