Rechercher dans ma chambre

lundi, janvier 18, 2010

Partir, c'est mourir un peu

J’ai décidé de faire comme Foglia et de me tourner vers le Pays sans chapeau ¹, de Dany Laferrière. Lui, pour « affronter la réalité » dans son « essence » ², moi, plus simplement – mais c’est peut-être la même chose -- pour me sentir plus près des Haïtiens.

Depuis que j’ai reçu ce roman, au jour de l’An, je me suis bien gardé d’en lire ne serait-ce qu’une page. D’abord finir de le numériser. Mais, voilà : cette tâche ne sera pas terminée avant deux semaines. Le besoin devenait trop pressant.

J’ai donc lu jusqu’à la page 178.

Un récit qui avance par touches légères de quelques paragraphes, suivant une métaphore qui nous est donnée dès les premières pages :

« Tiens, un oiseau traverse mon champ de vision. J’écris : oiseau. Une mangue tombe. J’écris : mangue. Les enfants jouent au ballon dans la rue parmi les voitures. J’écris : enfants, ballon, voitures. On dirait un peintre primitif. Voilà, c’est ça, j’ai trouvé. Je suis un écrivain primitif. » (p. 14)

Désir de nommer, de se réapproprier par les mots une réalité perdue. Désir de revivre. Le retour au pays natal du narrateur, après vingt ans d’absence, est un retour à la vie.

D’ailleurs, en lisant ces pages, une phrase de Haraucourt m’est revenue. Partir, c'est mourir un peu :

« Ma mère ne dit jamais Montréal. Elle dit toujours là-bas. » (p. 28)

« L'au-delà. Est-ce ici ou là-bas ? Ici n'est-il pas déjà là-bas ? C'est cette enquête que je mène. » (p. 69)

« Je remonte vers le morne Nelhio, les mains dans les poches. Exactement comme je le faisais à vingt-trois ans. Je reprends ma vie au moment où je l'ai quittée. Je respire à pleins poumons. Libre dans la nuit port-au-princienne. » (p. 89)

C’est le bonheur que je souhaite au peuple haïtien : respirer la liberté à nouveau.

__________

1. Laferrière, Dany. Pays sans chapeau. Boréal compact, 2006, 323 pages.

2. Foglia, Pierre. « Pays sans chapeau ». Cyberpresse.ca [En ligne] (Jeudi, 14 janvier 2010) (Page consultée le 18 janvier 2010)

Aucun commentaire: